J'aime bien une partie de la réponse très argumentée de Malka. Quoi que vivant loin de Belleville, je partage ses conclusions
"il y a 5 ans, leur mère ne le faisait pas du tout dans les années 60, 70 ou 80. C'est complètement réactionnel et artificiel, comme phénomène."
Ce que je ne partage pas, par contre, c'est l'affirmation grandiloquente par de simples citoyens de l'incompatibilité de ceci ou cela avec "la laïcité".
Parce que le véritable levier de la polémique est là, Nikolaï - le blabla culturel en est un autre, bien sûr, mais moindre.
L'état de la fille ainée de l'église, dont les élus fricotent avec le Pape, se montrent régulièrement lors de cérémonies religieuses catholiques, dont le chef de l'Etat Laïc et républicain est quand même Chanoine de Latran, etc., mériterait bien avant les quelques porteuses de burka de l'hexagone de se faire botter sévèrement le cul par les citoyens "défenseurs de la laïcité" qui vont voter. C'est quand même leur représentant, bordel!
On pourrait s'attendre à ce que pareils citoyens soucieux de l'emprise de la superstition religieuse refusent de se compromettre aux côtés d'un tel Pouvoir. On pourrait s'attendre à ce qu'ils prennent leurs distances et se défient comme de la peste de toute proclamation de "laïcité" venant d'un élu de cette république.
C'est pourtant exactement le contraire qui se produit. Le délire médiatique sur le "voile islamique" à interdire dans les écoles pour sauvegarder la laïcité et défendre les femmes a réuni tout azimut derrière l'Etat et les plus réactionnaires et phallocrates de ses actuels représentants.
Les porteuses de burka ne représentent personne: elles n'ont pas même le droit de se présenter elles-mêmes, et si l'on ne saurait s'abstenir de porter un jugement sur le fait plutôt répugnant d'imposer à un être humain le port d'une housse au prétexte de son sexe, on ne saurait aller très loin sur ce terrain glissant en compagnie de l'état, qui n'est pas en reste quant à la sexuation des obligations qu'il impose à ses "citoyens".
L'absence de l'histoire de la critique des religions des programmes scolaires - et je parle d'une histoire de la critique des religions enseignée en tant que telle; le passage sous silence permanent de l'athéisme - il n'y a pas de lobbying en faveur d'une non-croyance, on pourrait lister beaucoup de choses qui ne contribuent guère à donner une sérieuse culture de la laïcité aux citoyens de ce pays.
Ces attaques ouvertes contre une frange extrêmement minoritaire des musulmans vivant en France ne peuvent que diviser et affaiblir tous ceux qui se défient du pouvoir actuel, de l'état et des religions.
Elles ne peuvent que profiter au pouvoir en place et aux amateurs de communautarisme.
Pour ma part, ne croyant ni en un dieu céleste, ni en ce dieu terrestre que l'on nomme l'etat, je ne peut pas voir ce produire ces offensives médiatiques sans inquiétude sur ce à quoi elles peuvent préparer le terrain.
Comment la société qui a amené ce nouveau comportement pourrait-elle prétendre le moins sérieusement du monde régler la question d'un simple trait de plume?
Une loi pour s'exonérer des politiques mises en oeuvre et étaler sa vertueuse laïcité par dessus le marché, sur le dos de quelques boucs-émissaires d'autant plus anonymes, pour ma part ça me flanque la nausée plus encore que les quelques malades qui prétendent mettre des housses aux femmes.
Le pauvre type et maire PC qui a lancé la polémique illustre bien le néant politique et la confusion totale de l'opportunisme politicien "de gauche" face à l'arrivisme décomplexé "de droite" qui occupe la meilleure place et ne vise qu'à s'y maintenir, peu importe le coût.
Le délire médiatique sur le voile islamique n'était qu'une étape. Aujourd'hui c'est la burqa.
Demain, que trouvera-t-on de plus pour faire des français fils et petits-fils d'immigrés du maghreb des boucs-émissaires assez remarquables? Parce que c'est bien cette population qui est visée.