Question:
L'État ne peut emprunter à la Banque Centrale, uniquement aux Banques privées.?
anonymous
2008-02-04 08:11:06 UTC
Ne pensez-vous pas que la dette de l'État vient, en très grande partie de là. En effet les banques centrales prêtent sans intérêt, alors que les banques privées prêtent avec intérêts composés.
Quatre réponses:
Totoshiro rip Sarkozy
2008-02-04 09:49:20 UTC
Primo, la Banque Centrale (BC) prête avec intérêt (ça s'appelle les taux directeurs) et non pas gratuitement



Secundo pour la question principale c'est exactement l'inverse



L'Etat peut emprunter de manière limitée, plafonnée et à court terme auprès de la banque centrale (enfin du moins il le pouvait, je ne suis pas sûr si cette disposition est toujours en vigueur. Je vais vérifier).



[en tout cas l' ex-TCE/Traité de Lisbonne confirme l'interdiction totale et définitive de cette possibilité, mais c'était déjà prévu par le traité de Maastricht instituant l'euro]



En revanche il ne peut emprunter directement auprès des banques privées, ceci pour éviter le favoritisme ou des opérations douteuses (principalement de faire "marcher la planche à billets", ie créer de la monnaie sans limites. C'est une image, plus rien à voir avec l'impression de billets réels.)



L'Etat ne peut emprunter qu'en lançant des souscriptions publiques, sous la fome d'obligations et de bons du Trésor (OAT, BTAN, BTF suivant la durée) auxquels tous les agents économiques peuvent souscrire. La plus grande part est souscrite par les établissements financiers : banques, assurances (pour placer les énormes capitaux provenant des cotisations), OPCVM, fonds d'investissement (de pension, assurances-vies, etc.) d'où peut-être la confusion?



Mais c'est l'Etat (comme tous les émetteurs) qui fixe les conditions : montant, taux, durée, modalités de remboursement, etc. Evidemment il doit tenir compte des taux en vigueur sur le marché s'il veut que son émission soit couronnée de succès et souscrite.



Donc il n'est nullement question d'intérêts composés. Il y a là une confusion avec le phénomène de la "boule de neige" : le paiement des intérêts de la dette existante est financé par de nouveaux emprunts et la dette s'accroît d'autant



Bon maintenant je vais lire l'article (mais Chouard est habituellement compétent, donc ça devrait être correct, pê une mauvaise interprétation?)



Ok.J'ai dû me reprendre à deux fois pour capter le propos et comprendre l'idée



En fait Chouard fait référence au contrôle de la monnaie par l'Etat via la Banque Centrale (alors sous son "influence", quoique théoriquement indépendante) et le "droit de tirage", auxquels il faut ajouter les grandes banques nationalisées à la Libération (et la nationalisation totale en 1981), système qui a prévalu jusqu'en 1986.



Tout ça pour dire que l'Etat a renoncé progressivement au contrôle de la masse monétaire en conférant l'indépendance totale à la BC (je crois en 1993). Ceci s'est fait sous l'influence des thèses "monétaristes" (Milton Friedman et l'Ecole de Chicago) qui font de l'inflation le mal suprême (par abomination du keynésianisme qu'ils n'ont eu de cesse de dézinguer, pour des raisons théorico-dogmatique de prétendue "neutralité de la monnaie", une croyance irrationnelle et imbécile).



Après il y a un peu de confusion. Les banques commerciales ont toujours eu le pouvoir de créer de la monnaie. Le vrai contrôle est exercé par la BC. Le problème est que "privatisée" (ne rendant de comptes à personne) soumise à l'idéologie monétariste (en particulier ce bourricot de Trichet) elle la limite à l'excès, favorisant une économie de rente, d'usure (les prêteurs sont favorisés) et l'accumulation de la monnaie chez les plus riches (concentration dans un nombre de plus en plus restreint de mains).



La deuxième confusion est au niveau de la dette publique. Celle-ci n'est pas due à l'abandon de la possibilité d'emprunter auprès de la BC. Certes cela en renchérit le coût. Mais l'Etat émettait déjà des emprunts auparavant. Le vrai problème c'est son inflation (qui d'ailleurs se substitue à l'inflation monétaire par les prix puisque celle-ci est pourchassée comme le diable), résultant de l'accumulation des déficits budgétaires excessifs (il en faut un peu). Or ces déficits sont volontaires ; il est d'ailleurs remarquable que, contrairement à l'opinion répandue par les déclarations tonitruantes de la droite, ce sont les gouvernements de droite qui la creusent. Ceci est d'ailleurs vrai un peu partout, pas seulement en France. Le déficit résulte moins de dépenses excessives que de recettes insuffisantes : c'est l'impôt qui est trop bas ; pas l'impôt sur le revenu (sauf pour les plus riches, pour qui il a été outrageusement abaissé), mais surtout l'impôt sur les profits des entreprises (ISS), passé de 50% en 1980 à 32% (et même 27% un temps), et encore diminué par l'évasion fiscale des multinationales qui se débrouillent pour expatrier leurs profits dans des pays "mieux-disants" (cf Total)



Il faut savoir que le taux de l'ISS est de 40% aux USA... Un pays communiste sans doute?



Pour résumer la thèse en deux mots, Chouard déplore l'abandon par l'Etat de la monnaie laissée aux mains d'organismes et de personnes privés acquis à la rente, qui en limitent la quantité et la distribuent mal [ils n'accordent pas de crédits aux bonne personnes ; cf les expériences de "banques des pauvres" et de SEL (systèmes d'échanges locaux) ; ce dernier correspond aux exemples évoqués par Chouard de monnaie "spontanée" et "fondante" : dans les deux cas on voit que c'est la privation de monnaie qui empêche les gens de s'en sortir en les empêchant de créer des activités économiques ou en laissant des besoins insatisfaits alors que les ressources sont disponibles.]



La monnaie n'est pas ce que la plupart des gens croient : on considère généralement la monnaie comme une réserve de valeur, alors qu'elle n'a aucune valeur en elle-même. Elle ne vaut que par sa capacité à susciter l'activité économique. Techniquement c'est une créance sur l'économie. Pragmatiquement c'est un "langage économique" (Aglietta) : elle permet à la fois de faire circuler l'information (de quoi on a besoin, en quelles quantités), de communiquer entre agents (où et qui) et de conclure des accords (tu fais ça pour moi et moi je fais ça pour toi). Et surtout de sortir de la relation en tête-à-tête par la transitivité qu'elle permet (je te paie et toi tu paies quelqu'un d'autre) en limitant les besoins individuels d'information (je n'ai pas besoin de trouver ce que l'autre veut en échange de ce qu'il me donne, il se débrouille tout seul). Ajoutons enfin qu'elle permet de sortir de l'instantanéité et d'étendre l'économie sur l'espace temporel futur (autrement dit de planifier), puisqu'on peut reporter son utilisation.
Marsaoui
2008-02-04 08:32:39 UTC
Quoi??????????? les Banques Centrales prêtent sans intérêt?????



C'est la plus grosse ânerie que j'ai lu depuis lontemps...



je vous mets pour info les taux de la BCE



http://www.ecb.int/stats/monetary/rates/html/index.en.html



En fait la BCE est totalement indépendante à l'image de l'ancienne Bundesbank et telle son modèle, garante de la lutte contre l'inflation (avec le levier des taux, on y revient...) et de la solidité de la monnaie.

Du reste, la force de l'€ n'est pas sans rappeler celle du Deutsche Mark qui a fait la puissance économique de l'Allemagne Fédérale.

L'article que vous citez est hautement polémique en ce sens que son auteur conteste le principe d'indépendance de la BCE. Or c'est justement les devises de pays dont les banques centrales sont dépendantes du pouvoir qui souffrent de faiblesse (souvenez vous de la lire italienne, le franc français et les "dévaluations compétitives" complètement destructrices de valeur).

Pour ma part, je suis très attaché à l'indépendance de la Banque Centrale.





bonne lecture
?
2015-07-15 06:44:39 UTC
demande a la ville de st etienne ( en france) la collectivité a fait des emprunt dit snwoball a taux variables qui peuvent monter a 120% d interets.... c est une veritable arnaque en verité.
DePassage
2008-02-04 08:18:25 UTC
Pour commencer y'a pas de dette si tu ne dépenses pas l'argent que tu n'as pas, ensuite la banque centrale prete bien évidemment avec des interets


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