Question:
Pensez vous, comme Julien Coupat, que le pouvoir n'a plus d'autre vrai opposant que la rue ?
Segel
2009-05-27 07:04:12 UTC
"Nous vivons actuellement, en France, la fin d'une période de gel historique dont l'acte fondateur fut l'accord passé entre gaullistes et staliniens en 1945 pour désarmer le peuple sous prétexte d'"éviter une guerre civile". Les termes de ce pacte pourraient se formuler ainsi pour faire vite : tandis que la droite renonçait à ses accents ouvertement fascistes, la gauche abandonnait entre soi toute perspective sérieuse de révolution. L'avantage dont joue et jouit, depuis quatre ans, la clique sarkozyste, est d'avoir pris l'initiative, unilatéralement, de rompre ce pacte en renouant "sans complexe" avec les classiques de la réaction pure – sur les fous, la religion, l'Occident, l'Afrique, le travail, l'histoire de France, ou l'identité nationale.

Face à ce pouvoir en guerre qui ose penser stratégiquement et partager le monde en amis, ennemis et quantités négligeables, la gauche reste tétanisée. Elle est trop lâche, trop compromise, et pour tout dire, trop discréditée pour opposer la moindre résistance à un pouvoir qu'elle n'ose pas, elle, traiter en ennemi et qui lui ravit un à un les plus malins d'entre ses éléments. Quant à l'extrême gauche à-la-Besancenot, quels que soient ses scores électoraux, et même sortie de l'état groupusculaire où elle végète depuis toujours, elle n'a pas de perspective plus désirable à offrir que la grisaille soviétique à peine retouchée sur Photoshop. Son destin est de décevoir.

Dans la sphère de la représentation politique, le pouvoir en place n'a donc rien à craindre, de personne. Et ce ne sont certainement pas les bureaucraties syndicales, plus vendues que jamais, qui vont l'importuner, elles qui depuis deux ans dansent avec le gouvernement un ballet si obscène. Dans ces conditions, la seule force qui soit à même de faire pièce au gang sarkozyste, son seul ennemi réel dans ce pays, c'est la rue, la rue et ses vieux penchants révolutionnaires. Elle seule, en fait, dans les émeutes qui ont suivi le second tour du rituel plébiscitaire de mai 2007, a su se hisser un instant à la hauteur de la situation. Elle seule, aux Antilles ou dans les récentes occupations d'entreprises ou de facs, a su faire entendre une autre parole."

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/25/julien-coupat-la-prolongation-de-ma-detention-est-une-petite-vengeance_1197456_3224.html#ens_id=1164748

Je trouve son analyse très pertinente.
Pas vous ?
Treize réponses:
Savoy Nice
2009-05-28 03:16:59 UTC
Et encore.. La "rue" devenue surtout virtuelle...
Martin Scriblerus
2009-05-27 07:18:31 UTC
Ce n'est pas une interview, c'est un manifeste.

Et un très bon.

Non seulement son auteur y fait montre d'une ironie souveraine et renvoie le pouvoir qui l'incarcère à sa propre grossièreté, ses manipulations, mais il se permet de penser et de montrer qu'il comprend mieux son époque que ne le feront jamais les amis de la force et de l'ordre.



J'aime tout particulièrement le choix que sont amenés à faire les journalistes qui en rendent compte. Il leur est difficile de trouver dans ce texte dense et exigeant la petite phrase réductrice accrocheuse qui fera un bon chapeau à leur article et orientera le lecteur dans un sens acceptable.



Il faut dire qu'il leur est tout aussi difficile, aussi, de donner ne serait-ce que l'impression qu'ils sont capables de comprendre de quoi il s'agit.



Ajouté



Tous ceux qui essayent de faire entendre "une autre parole" que le ron-ron des média et leurs versions multiples d'un même mensonge servies en guise de preuve de la liberté de la presse, ne peuvent qu'être en grande sympathie avec ce texte, parce que leur pratique n'a pu les mener qu'à des conclusions assez proches.

Affirmer que la pensée critique ne peut se trouver qu'en dehors de la doxa de la représentation, et dans le ressaisissement par chacun de lui-même, non comme "citoyen", "consommateur", "électeur", etc., et autres catégories de l'impuissance officielle, mais comme être vivant tirant son humanité de ses relations au monde, est tout de même une de ces banalité de base connue depuis plusieurs décennies qui n'est propre à susciter des exclamations de haine et de colère (anarchiste! leader charismatique! ego surdimensionné! etc.) qu'à la soumission la plus apeurée à l'Ordre établi.

Il faut bien admettre que "la rue" - la grève sauvage, l'émeute - est le lieu par excellence où ce ressaisissement peut commencer d'essayer de s'opérer, où les êtres humains peuvent voir s'écarter leurs oeillères collectivement. J'ai bien écris "peuvent".
Margot
2009-05-27 07:17:01 UTC
La rue...pas toute la rue, malheureusement, car les gens ont trop peur et manquent d'informations.

N'oublions pas que toutes les révolutions ont été menées par des gens instruits, pas par des gens qui sont acculés par leur boulot, leurs problèmes d'argent, l' I.pod du petit dernier qu'il faut acheter pour être dans le coup...et qui se perdent dans les manipulations des médias.

Ce que dit Coupat sur la politique et les partis actuels est vrai, pas un pour rattraper l'autre....Espérons que le dégel se passera en douceur...ce qui m'étonnerait grandement, malheureusement...
TOTO
2009-05-27 10:16:37 UTC
Bizarre tout de même, qu'on laisse sortir de tels écrits de prison (dans Le Monde, excusez du peu !) sans la preuve que c'est bien Julien Coupat qui en est l'auteur !



Non mais... je me demande juste qui pourrait en tirer le plus de profit, juste... comme ça !



En espérant que "la rue" ne soit pour rien dans l'élection de Sarkozy...



@Segel : Ok, je note !... merci.



Sinon, il est vrai que le texte est écrit avec une grande virtuosité !... Je regrette néanmoins cette histoire de "rue"... j'suis pas fan de la rue. C'est quand même elle qui criait des hourras derrière Hitler et Mussolini... avant de le faire pour Staline et Mao... mouais... bon.



Comme disait Brassens, à plus de quatre, on est une bande de cons. (Quitte à prendre une référence d'anar).
2009-05-27 08:52:20 UTC
"La masse populaire"n'a pas de couleur politique, elle est bien sûr le seul contre-pouvoir et l'art des gouvernants a toujours était de le maîtriser parce qu'elle le rend vulnérable...aujourd'hui encore plus qu'hier, à l'heure où ils cherchent à la formater selon les seuls besoins du marché.

Mais à force de jouer à ce petit jeu subtil de la carotte et du bâton...le peuple prend conscience que la misère sociale augmente et surtout qu'il se fait manipuler.

Les âneries débitées par certains médias et par beaucoup d’hommes politiques ne sont plus d'un grand secours, nous le voyons bien aujourd'hui...

Attention cependant aux mafias dont certaines sont beaucoup plus révolutionnaires que vous et n'hésiteront pas à récupérer le moindre mouvement à leurs profits !
Blondin
2009-05-27 07:49:03 UTC
Damned il a la même vision des syndicats que notre Eric national! Que faut il en penser?
diantre
2009-05-27 07:12:04 UTC
il est coupable : coupable d'avoir des idées pas politiquement correcte, en plus de bien les exprimer ! Faut surtout pas le laisser sortir maintenant qu'on en a fait une vedette ; ça nous ferait un 2ème José Bové, mais en plus hard !
2009-05-27 07:10:48 UTC
Rien a ajouter, sinon que comme ca a ete fort bien dit, la droite en rompant le pacte, peut s attendre a ce que la gauche (= la rue, pas le PS evidement) le fasse de son coté.



Ca peut paraitre utopique, ms sarko a force de mepriser le peuple francais oublie fort vite que ce dernier gagna sa liberté et ses droits ds la rue



@Fragoma: Qd tu parles du "petit egocentrique qui n arrive pas a assumer ses actes" tu parles evidement de celui que tu soutiens sans faille non? NS??? lol



@RR Tu fais evidement parti de ces suiveurs, moutons qui preferent suivre les nantis qui se fiche du peuple (toi inclu) lire ce genre de chose te fais peur n est ce pas?



@Fragoma: Avant de voir les miennes regarde les tiennes!



Fragom tjrs si habile a detecter la paille dans l'oeil du voisin, et qui n a tjrs pas trouvé la tour eiffel dans le sien!
2009-05-27 07:09:55 UTC
Avez vous aiguisé vos lames contre chaque représentants de la rue qui auraont une vision minoritairement différenre de vous une fois pendue la classe aristocatique politique et financière camarade ?
2009-05-27 07:06:53 UTC
non, pas moi.



à la limite, une partie de la rue.
Apologue
2009-05-27 07:56:09 UTC
Non, je pense même l'inverse.



Il n'y a jamais eu autant de partis d'opposition. Même des trucs graves comme Besancennot sont autorisés, c'est pour dire !



Jamais sous Mitterrand nous n'aurions vu de pancartes "Casse-toi pov con"
R R
2009-05-27 07:26:32 UTC
Mon dieu mais quand je lis les commentaires tant de JC que ceux de certaines personnes de ce site je suis atterré! Il nous distille son espèce de pensée révolutionnaire et anarchiste comme valeur suprême de la liberté. Et pendant ce temps vous l'acclamez comme un héros? Ce n'est certainement ce genre de personne que je considère comme telle! Quasiment toute les révolutions: française, russe, culturelle en Chine on finit dans un bain de sang et il ose prôner ça!
Fragoma
2009-05-27 07:08:47 UTC
Ce que dit Coupat, le révolutionnaire à la mie de pain, petit égocentrique incapable d'assumer ses actes n'a aucun intérêt.



@Freedom: toujours avec tes oeillères à ce que je constate.


Ce contenu a été initialement publié sur Y! Answers, un site Web de questions-réponses qui a fermé ses portes en 2021.
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